Natzwiller Struthof

Struthof – L’enfer sur terre

Lors d’un court séjour en Alsace j’ai eu l’occasion de visiter le camp du Struthof qui est le seul camp de concentration situé sur le territoire français. Il se situe sur la commune de Natzwiller à proximité de Strasbourg dans le Bas-Rhin.

« Ceux qui admireront la beauté naturelle de ce sommet ne pourront croire que cette montagne est maudite parce qu’elle a abrité l’enfer des hommes libres ».

Cette citation de Léon Boutbien, résistant, déporté au camp de Natzwiller Struthof figure sur une plaque dans le camp. Elle résume bien ce qu’était l’enfer concentrationnaire voulu par le régime nazi.

Le système concentrationnaire

Le système concentrationnaire est arrivé très tôt après l’arrivée au pouvoir de Hitler en 1933. C’est un marqueur important de la dictature nazie. Il fallait « éliminer » tous les opposants avérés ou soupçonnés de l’être. Dans ce but les camps étaient destinés à recevoir tous les ennemis du régime nazi qu’ils soient politiques ou religieux.

En 1939 on comptait huit camps de concentration : Dachau, Oranienburg, Sachsenhausen, Buchenwald, Flossenbürg, Mauthausen, Ravensbrück, Struthof. Ces camps avaient pour objectif d’exploiter une main d’œuvre gratuite jusqu’à son épuisement total pour servir l’industrie de guerre ou à servir de cobaye pour des expérimentations « scientifiques » de recherche militaires, universitaires, ou médicales.

Il ne faut pas les confondre avec les camps d’exterminations dont l’unique objectif était l’élimination physique des Juifs d’Europe. Seuls deux camps (Auchwitz-Birkenau et Maïdanek) comportaient un camp de concentration et des unités d’extermination.

L’histoire du camp du Struthof

Le site internet dédié au Struthof est très complet pour comprendre l’histoire du camp et sa réalité d’aujourd’hui.

Le camp de concentration a été ouvert le 1er mai 1941 au lieu-dit « le Struthof » sur la commune de Natzweiler dans une Alsace alors annexée au Reich Allemand. Ce lieu a été choisi pour exploiter un filon de granit rose. Il servira également aux expérimentations de la médecine nazie.

Une chambre à gaz a été construite en Août 1943 à l’écart du camp en contrebas. En 1943 elle servira à assassiner 86 déportés juifs, les corps devant servir à une « collection » de squelettes pour le professeur August Hirt directeur de l’institut d’anatomie de l’université du Reich de Strasbourg. Quarante-quatre déportés Tsiganes y seront également suppliciés en servant de cobaye pour des expérimentations sur des gaz de combat.

Entre 1941 et 1945 52 000 déportés transiteront dans les annexes du complexe concentrationnaire du Struthof et près de 22 000 déportés y sont morts.

La visite

Le camp du Struthof est accessible via la route (départementale 130), un parking permet de se garer mais il n’est pas très grand. Ce que l’on voit en premier c’est un bâtiment moderne qui comprend la billetterie, une exposition et une boutique proposant des ouvrages sur la seconde guerre mondiale et sur l’univers concentrationnaire.

J’ai commencé par l’exposition qui est bien faite et instructive sur l’avènement du nazisme et de l’antisémitisme qui conduiront à la création des camps de concentration et d’extermination.

Dans le premier bâtiment une exposition retrace les origines du camp et la « vie » quotidienne (on peut considérer ce mot comme inapproprié dans ce lieu de mort) ainsi que le destin du SS Joseph Kramer le commandant du camp entre octobre 1942 et mai 1944.

Le camp est construit sur un terrain en forte pente qui vous conduit aux bâtiments du bas qui comprennent une prison et un four crématoire. Un monument domine le camp, il s’agit du Mémorial national aux martyrs et héros de la déportation. En sortant du camp un chemin permet l’accès à une maison qui était celle du commandant du camp. En poursuivant ce chemin vous arrivez en contrebas à un bâtiment abritant une chambre à gaz destinée à des « expériences médicales » sur des cobayes humains.

N’oublions pas

La visite d’un tel lieu conduit obligatoirement à une réflexion sur l’horreur absolue que peut produire le fascisme, le racisme, la haine de l’autre. Puissions-nous retenir les leçons de ce passé récent afin que cela ne se reproduise jamais.

« Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre ».

Winston Churchill

Coté photos

La lumière n’était pas au rendez-vous, mais finalement cela collait bien avec l’ambiance du lieu. Par contre d’un point de vue photographique cela rend la prise de vue plus difficile en raison notamment du manque de contraste sur les vues extérieures.

Pour la prise de vue j’ai utilisé un Nikon Z6 avec un objectif Nikkor Z 24-70 mm f4 S. La focale de 24 mm est un peu longue pour les vues intérieures mais cela est gérable. J’ai opté en post production pour un traitement noir et blanc qui convient bien au sujet et qui permet d’accentuer le contraste sur les vues extérieures.